Le programme de recherche SPPT
Le programme SPPT vise à saisir les modalités sociales de prise en compte des imbrications entre les composantes physiques et psychiques de la santé au travail.
L’ambition de cette recherche consiste à appréhender les manières dont les épisodes de réduction des ressources corporelles et/ou de perte d’autonomie liés à l’emploi (eg. affection de longue durée, accident du travail, maladie professionnelle, ou « simple » usure professionnelle) peuvent, d’une part affecter le vécu au travail et la santé mentale perçue ; d’autre part, susciter des formes d’innovation en santé, dont de nouveaux modes de prévention et d’accompagnement aussi bien de la part des employeurs que des services publics et/ou de leurs opérateurs.
Autrement dit, il s’agit d’observer la façon dont la gestion des « ressources corporelles » et le « travail de santé », ainsi que les innovations en matière de maintien en emploi, pèsent sur la perception d’un état de santé mentale et le déroulement des parcours professionnels. Parallèlement, il s’agit d’objectiver les conditions de recours ou de non recours aux dispositifs d’accompagnement en santé destinés aux travailleurs.
Pour quoi faire ?
L’enjeu de cette recherche de savoir quels sont les appuis sociaux et les innovations en matière de dispositifs d’accompagnement, qui peuvent éviter, ou limiter, le basculement d’une atteinte physique vers un trouble psychique ou, au contraire, les éléments qui le précipitent. En somme, ce programme entend pouvoir questionner les processus d’innovation concernant l’adaptation des conditions de travail et la sécurisation des parcours pour les personnes en situation de vulnérabilité et contribuer à une réflexion de fond sur les mutations contemporaines du travail, de l’emploi et de la protection sociale.
Ainsi, le projet SPPT se veut une aide précieuse pour tous les acteurs du domaine de la prévention en santé au travail, du maintien en emploi et de l’accompagnement en évolution professionnelle. Ses résultats permettront également d’améliorer l’information à disposition des salariés et travailleurs indépendants.
Quelle méthodologie ?
Sur le plan méthodologique, le programme SPPT se propose d’organiser ses travaux selon plusieurs niveaux d’analyse, articulant une approche organisationnelle et territoriale, et une approche individuelle et longitudinale.
Le premier niveau d’analyse consiste à observer localement les relations entre les acteurs et les dispositifs régionaux (eg. Comité régionaux d’orientation des conditions de travail, Plan régionaux de santé au travail, diagnostic territoriaux portant sur les conditions de travail et la prévention des risques professionnels, etc.), les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH), qui portent la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH), l’AGEFIPH en tant que financeur d’aides au maintien en emploi, les Services de la Santé au Travail (SST) ayant une mission de conseil et d’alerte, et les organismes de placement spécialisés (Cap Emploi – SAMETH) qui se trouvent à l’interface entre salariés et employeurs. Dans cette perspective, quatre territoires sont plus particulièrement investigués afin de produire des études de cas contrastés : les régions Grand Est, Hauts-de-France, Nouvelle Aquitaine et Occitanie.
Le second niveau d’analyse s’attache à étudier les processus à l’œuvre sur le plan individuel. Pour cela, le traitement de plusieurs enquêtes statistiques longitudinales est mobilisé afin de reconstruire des fractions de parcours professionnels ainsi que les événements qui les ponctuent (eg. accident du travail, arrêt maladie, etc.), puis d’observer leurs effets sur la santé perçue et le déroulement des parcours (continuité ou rupture). Parallèlement, des entretiens biographiques sont menés auprès d’individus ciblés en fonction de leurs caractéristiques sectorielles. Là encore, l’objectif est de procéder de manière longitudinale et à l’aide d’entretiens répétés dans le temps afin de suivre les parcours individuels et d’observer les processus « en train de se faire ».
Que deviennent les réponses ?
Les résultats de cette recherche donnent lieu à des publications à destination de la communauté de la recherche, des acteurs publics, ou encore des professionnels de l’emploi, de la formation et de la prévention.
Tout au long du processus de recherche les données sont traitées avec le plus grand soin, dans le respect des principes déontologique de la recherche et dans l’application des procédures liées à la RGPD ou la CNIL, l’ensemble des précautions d’usage étant consignées dans un plan de gestion des données selon le modèle proposé par Science Europe et l’Agence Nationale de la Recherche